Article RGCF de 1878 - 121T 91
Texte de l'article
FRANCE. — COMPAGNIE DES CHEMINS DE FER DE L'OUEST M. MAYER ingénieur en chef LOCOMOTIVE-TENDER N° 91 Constructeur : Société de Fives-Lille (n° 2.)
Le point de départ de cette locomotive a été l'excellent type de machine tender à 3 essieux dont 2 accouplés, mis en service par la Compagnie en 1856 pour ses lignes de banlieue, et reproduit en grand nombre depuis cette époque sans modifications fondamentales. La planche XXVII fig. 2 et 5 donne les diagrammes des locomotives de 1856 et 1877. L'appropriation au nouveau service à effectuer n'a porté que sur l'arrière, toute la partie antérieure du moteur étant conservée rigoureusement conforme aux machines existantes. La longueur de la boîte à feu a été portée de 1m,200 à 1m,720 et la grille inclinée pour passer au-dessus de l'essieu d'arrière. Les caisses à eau qui s'arrêtaient entre les deux essieux accouplés ont été prolongées jusqu'à l'extrémité du foyer, et la soute à combustible occupe maintenant la partie arrière du tablier. L'ensemble de ces dispositions a permis d'obtenir pour le quatrième essieu une charge sensiblement égale à celle de l'essieu d'avant, quelle que soit la situation des approvisionnements, et a placé la machine dans des conditions identiques de stabilité pour les deux sens de la marche.
Vaporisation. — Le ciel du foyer (du modèle classique français) est consolidé par 8 armatures placées longitudinalement, et rattaché au ciel de la boîte à feu extérieure par une double rangée de tiges de suspension. Quatre tirants horizontaux relient les parois du corps cylindrique à la face arrière de l'enveloppe. La longueur intérieure du foyer est de 1m,420 en haut et 1m,470 en bas ; sa largeur moyenne 0m,932; la hauteur au-dessus de la grille 1,075. Le corps cylindrique a 5m,890 de longueur et 1m,080 de diamètre moyen ; il renferme 149 tubes de 0m,05 de diamètre extérieur, et est formé de deux anneaux seulement. Le mode d'assemblage de la plaque tubulaire d'avant et du corps cylindrique est celui qui a été adopté depuis plusieurs années par la Compagnie : la boîte à fumée a le même diamètre que le corps cylindrique ; une double cornière relie les deux faces de la plaque, d'un côté à la chaudière, de l'autre, à la boîte à fumée. Quatre armatures obliques rattachent la partie pleine de la plaque aux parois de la chaudière. Une grille placée à 0m,06 de la rangée supérieure des tubes empêche la projection des escarbilles. Les accessoires de la chaudière sont aussi d'un modèle uniformément adopté par la Compagnie et se composent d'une soupape ordinaire à levier située au sommet d'une colonnette spéciale placée sur le foyer, à la portée du mécanicien ; et d'une autre soupape, exactement semblable, surmontant le dôme de prise de vapeur, lequel fait corps avec la boîte du régulateur. Celui-ci est du modèle Crampton ; l'emplacement qu'il occupe en dehors du dôme en rend l'accès facile sans nécessiter le démontage de la calotte. Il est mis en communication avec la partie supérieure du réservoir par un tuyau en col de cygne.
Mouvement. — Tout le mécanisme est intérieur ; l'ensemble de ses dispositions rappelle le modèle « Sharp » appliqué à un grand nombre de machines de la Compagnie. Les bielles motrices ont 1m,510 de longueur, pour une course de piston de 0m,560; elles sont de la forme dite « à fourche », c'est-à-dire qu'elles embrassent les glissières. La tête principale est fermée à l'arrière par une pièce maintenue au moyen de boulons, sans aucune clavette ; les cylindres ont 0m,420 de diamètre et 0m,750 d'axe en axe. Une frette robuste renforce les manivelles. Les colliers d'excentriques sont en bronze, et les barres, de 1m,310 de centre en centre, commandent une coulisse à double flasque dont le point d'attache du relevage est placé au-dessous de son axe. La tige du tiroir est actionnée par une bielle suspendue à un point fixe. Les tiroirs dont les axes sont horizontaux sont placés entre les cylindres vers la partie inférieure, dans une position oblique par rapport au plan vertical, l'écartement d'axe en axe de leurs tiges est de 0m,140 seulement. Le bâti de changement de marche à vis est en acier coulé de forme très simple et boulonné sur la chaudière ; modèle qu'on retrouve sur tous les types de locomotives de la Compagnie. La tige de commande du relevage est attachée directement sur l'écrou, sans balancier intermédiaire ; le mouvement est transmis par l'entremise d'une équerre appuyée sur le corps cylindrique.
Châssis, roues, suspension, frein. Les longerons du châssis, intérieurs aux roues, sont découpés dans une même feuille de tôle et ont 8m,645 de longueur y compris les traverses en fer, et 1m,120 d'écartement. Ils sont évidés à leur sommet, dans l'axe des roues libres, pour le passage des tiges de pression des ressorts qui les embrassent. Ceux-ci sont tous indépendants et placés au-dessus des essieux. Les deux ressorts de l'essieu accouplé ont dû être rejetés au-dessus des roues et occuper une position oblique pour éviter les parois du foyer. Les essieux d'avant et d'arrière ont un jeu transversal obtenu par la disposition à plans inclinés. Un frein à vis commande deux sabots qui embrassent les roues accouplées vers l'arrière ; la machine est munie du frein à contre vapeur Lechatelier. Indépendamment de ces moyens d'arrêt, la Compagnie fait une large application du frein à air comprimé Westinghouse.
Alimentation. — Deux injecteurs du modèle Turck, exclusivement adopté, sont placés verticalement contre la rampe du mécanicien ; leur prise de vapeur se fait sur une pièce en bronze spéciale située à l'arrière du levier du régulateur. Cette pièce porte également le mouvement du sifflet rejeté au-dessus de la toiture. L'introduction de l'eau dans la chaudière se fait vers le milieu du corps cylindrique et au-dessus de l'axe ; le tuyau d'aspiration pénètre dans la caisse à eau jusqu'à sa plus grande profondeur. Un robinet est adapté sur le tuyau dégorgeur; il a pour but de fermer l'appareil afin de l'utiliser comme réchauffeur. Les caisses à eau communiquent entre elles par un tube de grand diamètre passant entre les deux premiers essieux.
La toiture-abri, ouverte sur les côtés, recouvre une double cloison transversale munie de lunettes de forme ovale de larges dimensions. La cloison d'avant est découpée pour le passage de toutes les pièces de mouvement bien groupées sous la main du mécanicien. Celle d'arrière est consolidée jusqu'au sommet par deux tôles placées longitudinalement.
